Tout le boc-notes est accessible ici, du départ à aujourd'hui , ou à rebours, de de la denière note au jour du départ.
On peut aussi trier les notes par pays, région ou lieu.
NB : Un lieu peut être un site naturel, une ville, un quartier, un musée, un bar...
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Dictionnaire amoureux ou pas.
Kirghizstan de K à N
(Billet du 17/09/2015) :Notre séjour au Kirghizstan ne ressemble pas aux parcours linéaires que nous avons effectués jusqu'ici, car, entre les démarches et tracasseries administratives pour les visas, les interventions mécaniques, et les envois de pièces pour Tirésias, nous avons passé beaucoup de temps en allers-retours entre la capitale et différentes régions.
C'est pourquoi, nous avons conçu le dossier kirghize comme un lexique plutôt que comme un journal de voyage chronologique. Chaque lettre représente, non pas une étape, mais une entrée, qui nous amènera et nous ramènera en des lieux ou des types de lieux, suivant des itinéraires parfois autres que touristiques, de mi-juillet à fin septembre 2015.
Ceux qui connaissent l'excellente collection de chez Plon s'y retrouveront peut-être.
Pour une fois, l'hypertexte sera actif et autorisera le va et vient entre les lettres du dictionnaire... qui ne sera pas toujours "amoureux" et essaiera, modestement, d'emprunter de temps à autre l'esprit moqueur de celui des"Idées reçues".
NB : Kirgizstan peut s'écrire avec ou sans z et, surtout, avec un, voire deux y, ce qui nous laisse une certaine latitude.
K ...
comme Kirghizstan, Kol (lacs Tulparkol, Issy Kol, Song kol), Koumis, Kefir...et Karaoké <
Y ...
comme Yourte
R ...
comme Rencontres
G ...
comme Rencontres
H ...
comme ... (à venir)
I ...
comme ... (à venir)
Z ...
comme ... (à venir)
S ...
comme ... (à venir)
T ...
comme ... (à venir)
A ...
comme ... (à venir)
N ...
comme ... (à venir)
Kirghizstan : Arrivée
Nous sommes entrés au Kirghizstan le 17 juillet en suivant la vallée de Fergana, par le poste frontière de...
(plus de 2h côté Ouzbek et une petite heure côté kirghize)
La route conduit directement à Osh, dont le nom se prononce exactement comme celui du chef lieu du département du Gers, que je connais assez bien.
C'est à peine si j'avais attaché quelque intérêt à cette homonymie mais voilà qu'un Kirghize me salue par le traditionnel "Atkuda ?", auquel je réponds par le non moins habituel "France".
Quelle n'est pas pas ma surprise, alors, de voir ce type fléchir le genou, se mettre en garde et, agitant une rapière imaginaire, me lancer, comme un défi :
" D'Artagnan ? "
Pourquoi ce type associe-t-il immédiatement la France à d'Artagnan, alors que d'habitude on gigote plutôt du pied en nous citant les noms de Zidane ou de Benzema ?
Devant mon étonnement, mon interlocuteur reprend alors sa gestuelle et développe sa pensée : "Osh ! Dartagnan ! Dimas ! Trois moustiquaires !"
Palsambleu ! Mais c'est bien sûr ! Osh = Auch. Mon interlocuteur a entendu parler de la patrie du quatrième mousquetaire !
Notre conversation s'arrêtera bien vite faute d'autres mots pour nous comprendre mais je fais passer le message : Si un édile auscitain tombe un jour sur ces quelques lignes, qu'il pense au jumelage possible ente les collines de Gascogne et la vallée de Fergana.
PS : Nous repassons à Osh le 3 septembre alors qu'un incendie d'origine criminelle vient de ravager la mosquée gersoise. La sororisation va peut-être devenir plus difficile...
Kol : les lacs khirghizes
Avides de fraîcheur après les semaines torrides passées en Ouzbékistan, nous ne nous attardons pas à Osh et nous filons tout de suite vers le sud, dans la montagne. Avant d'attaquer les premières rampes, nous goûtons d'abord les délices d'une route aussi lisse qu'un tapis de billard, bordée de beaux arbres et de stations services abondamment pourvues en gazole. Tirésias est aux anges.
Nous gagnons une vallée d' altitude, entre la chaîne de l'Alaï et le mythique plateau du Pamir. En venant de la Fergana, on franchit deux cols, dont l'un à plus de 3500 et l'on redescend à peine vers le village de Sary Tash, à 3200 mètres. C'est l'endroit idéal pour s'acclimater avant d'attaquer les cols du Tadjikistan et du Tibet, mais ce sera pour plus tard. Pour l'instant, nous voulons simplement nous poser et nous reposer, dans l'herbe, au frais.
Nous poser, cela semble facile. En prenant la route de la frontière, face aux sommets enneigés, nous trouvons rapidement un bivouac de rêve. Devant nous la barrière du Pamir, à moins de dix kilomètres à vol d'oiseau, toute en longueur et en hauteur nous domine encore de plus de 2000 à 3000 mètres. La chaîne pyrénéenne en bien plus grand, bien plus haut, bien plus sauvage... Des chevaux galopent librement dans la vallée comme dans un western de John Ford. Mais les Yaks sont là pour nous ramener en Asie. Pleine nature. Une rivière à l'apparence limpide dont on pourrait sans doute boire l'eau si les troupeaux n'étaient pas si nombreux... et deux camps de yourtes.
Du coup, pour nous reposer, ce fut plus difficile, car les Kirghizes semi nomades ne l'entendaient pas de cette oreille. Après vingt quatre heures de sollicitations, invitations et visites réciproques, aussi amicales qu'envahissantes, nous avons pris la décision de monter encore un peu plus haut, au lac Tulparkol.
(Voirlettre Y comme Yourte ... / Voir lettre T comme troupeaux)
Kol comme Tulparkol
La piste part de Sary Moghol. Elle est longue mais assez roulante et Tirésias l'avale sans broncher. Il faut franchir quelques petits gués faciles pour arriver dans un endroit isolé, au bord de notre premier lac kirghize : le Tulparkol.
Si le lac n'a en lui-même rien d'extraordinaire, le cadre est magnifiquement sauvage.
Nous y passerons deux nuits. Un petit camp de yourtes accueille des trekkers ; parmi eux des novices mais aussi quelques durs à cuire. Une expédition russe part demain à l'aube à la conquête d'un sommet parait il jamais encore gravi.
En marchant un peu sur les crêtes alentours, on domine le camp de base du pic Lénine, auquel on peut accède en voiture par une autre piste parallèle à celle que nous avons suivie. C'est de là que les alpinistes partent en direction de ce sommet, réputé relativement facile pour un 7000 mètres.
Las ! Pendant deux jours, Vladimir Oulianovitch fait la tête et son crâne reste obstinément dans les nuages.
Il ferait bien de de découvrir avant notre départ. Sinon, paraphrasant Alexandre tournant jadis le dos à l'Ararat embrumé, je lui lancerai à mon tour :
"Tant pis pour toi, pic Lénine, qui n'aura pas vu Tirésias ! "
Une fois par an, le lac Tulparkol accueille une des fêtes équestres du Kirghizstan. Comparée à celle de Bokonbaëvo, au lac Issy Kol, celle-ci est plus confidentielle, malgré les efforts méritoires des autorités pour la faire connaître et la rendre touristique. Nous ne tarderons pas à nous apercevoir qu'elle reste avant tout villageoise.
A partir de 10 heures, les spectateurs et les concurrents commencent à affluer, a pied, en voiture et, surtout, à cheval. Quelle allure ont tous ces cavaliers !
Peu avant midi, le festival débute par quelques préliminaires. Discours, chants et danses traditionnels, suivis d' une brève récitation épique psalmodiée par un Manashi.
(Voir Manas à la lettre H (Ceci est pas une erreur)
L'après-midi est consacrée aux jeux proprement dits. Des cordelettes de couleurs délimitent un vaste espace rectangulaire sur lesquels doivent se dérouler les différentes épreuves.
Les spectateurs sont rangés sur les deux longueurs. D'un côté, la piétaille, debout, accroupie ou assise à même le sol, de l'autre impeccablement alignés, les cavaliers, dont certains participeront aux concours.
Dans les épreuves qui se succèdent, les concurrents doivent montrer des qualités d'adresse, de vitesse, de force et d'endurance.
Il peut s'agir de ramasser une balle depuis son cheval lancé au galop, de tenter de désarçonner un adversaire à la force du poignet, ou de poursuivre une cavalière ayant quelques longueurs d'avance (on s'amuse aussi à inverser les rôles, sous les vivats de l'assistance...)
Mais le clou du festival est évidemment la partie d' oulak tartysh, version kirghize du célèbre bouskachi afghan. Deux équipes se disputent le corps d'une chèvre décapitée. Il ne semble pas y avoir d'autre règle que celle de déposer le cadavre dans le but adverse, constitué de deux pneus de camion empilés. Quelques bénévoles s'efforcent de faire reculer le public qui tend à empiéter sur le terrain, un arbitre nanti d'un porte voix place les deux équipes et donne le coup d'envoi. S'ensuit une mêlée plus que confuse, d'où s'extirpe bientôt un cavalier qui, cravachant d'une main et tenant le "ballon" de l'autre, lance sa monture au grand galop. Il est bientôt rattrapé, agrippé, à demi désarçonné. Nouveau regroupement, nouvel arrachage, nouvelle poursuite... Les chocs sont rudes, les contacts violents entre les hommes et entre les chevaux. On se demande ce qui se passerait si l'un des concurrents tombait au sol. Tout va très vite d'un camp à l'autre et la cavalcade sort parfois des limites du terrain, faisant subitement reculer les spectateurs jusqu'alors récalcitrants.
Nous n'avons pas tout compris, mais alors que le score semblait d'être de 2 à 1 pour les rouges, voila qu' une altercation banale entre deux cavaliers dégénère en bagarre générale. Une vraie baston à l'ancienne, comme dans les matchs de rugby de village. où se règlent des comptes personnels et où la rivalité sportive sert d'exutoire aux conflits entre familles et communautés.
Mais une "générale" à cheval, c'est autre chose ! Surtout quand la partie montée du public s'en mêle ! Et volià bientôt tous les cavaliers, joueurs et spectateurs partis au loin dans la nature ! L'arbitre a beau s’époumoner dans son frêle porte-voix, rien n'y fait.
La partie ne reprendra jamais.
La fête s'achève donc en queue de... cheval, et, en quelques minutes, les abords du lac sont de nouveau vides. Nous nous retrouvons seuls pour la nuit avec Tirésias et les amis qui nous accompagnent.
(Voir lettre R comme Rencontres )
Est-ce pour nous consoler que, le lendemain, le pic Lénine se découvre enfin ?
Tant pis pour la répartie que j'avais préparée et tant mieux pour le spectacle. Chapeau, Vladimir !
Le lac Issy Kol :
Tout au nord du Kirghizstan, près de la frontière du Kazakhstan, à 1600 mètres d'altitude seulement, se trouve un très grand lac, de plus de 150 kms de long sur une cinquantaine de large, qui ne gèle jamais l'hiver, en raison de la présence de sources chaudes auxquelles il doit son nom ("lac chaud")
La chaleur en question est toute relative mais, pour un lac de montagne, il est vrai que la température de l'eau est très clémente. En été, c'est un lieu de villégiature très prisé des habitants de Bishkek, qui n'est distante que d'une centaine de Kilomètres, ou même d'Almaty, l'ancienne capitale du Kazakhstan, à peine plus éloignée. La séparation entre les deux anciennes républiques soviétiques oblige maintenant ces derniers à passer une frontière mais ils continuent de se rendre nombreux sur les plages de la côte nord, où règne une ambiance assez proche de celle des stations touristiques de Méditerranée ou de l'Atlantique.
La côte sud est beaucoup plus sauvage et on y trouve des grèves non aménagées et quasi désertes. C'est évidemment plus attirant pour les voyageurs, qui, comme nous, fuient l'affluence des stations balnéaires, leurs discothèques bruyantes, et leurs parasols-transats payants. Nous en gardons cependant un sentiment assez mitigé, tant le sentiment de déshérence et d'abandon nous a semblé important à cet endroit.
Les villages qui bordent le lac sont très pauvres et la population, déshéritée, semble, ici aussi, s'en remettre à la vodka pour mieux supporter son quotidien. Partout des ivrognes à la démarche incertaine, des voitures folles, et même des comportements agressifs, comme celui de ce trio menaçant qui a tenté de nous extorquer "ouane dollar" pour notre bivouac. (voir lettre I)
En avançant vers l'ouest, on se dirige vers les mythiques "Monts célestes" (Tian Shan), dont les plus hauts sommets culminent à plus de 7000 mètres. C'est le plus beau terrain de randonnée d'Asie centrale, le paradis des trekkers, où l'on peut effectuer, selon ses goûts et son niveau, des excursions faciles à la journée, des expéditions de plusieurs jours à pied ou à cheval, de l' escalade, des séjours en réserve...
De profondes vallées partent du lac vers le sud et vers l'est et on n'a que l'embarras du choix.
Malheureusement, il est pratiquement impossible d'y trouver un endroit pour pique-niquer ou bivouaquer sans découvrir, à un moment ou à un autre, couchée dans l'herbe tendre, appuyée contre une pierre, ou fichée dans un trou de marmotte, la sempiternelle bouteille de vodka, généralement accompagnée d'un paquet de cigarettes froissé.
Alcoolisme, pauvreté, enfermement. Si l'on ajoute à ces maux la consanguinité due à l'isolement des vallées, cela nous conduit à brosser un tableau plutôt sombre de cette région sud que la plupart des touristes trouvent pourtant plus authentique que l'autre rive.
Question de point de vue, à tous les sens du terme...
Tout au bout du lac, Karakol est le camp de base de tous les randonneurs en été, et une sation de ski importante en hiver. La ville a servi de centre de repos pour les troupes frontalières massées à la frontière chinoise, à l'époque soviétique. De cet âge d'or russe, il ne reste pas grand chose : de jolies petites isbas colorées, mais souvent décrépites, une statue de Prevalski, explorateur originaire de Smolensk qui donna jadis son nom à la ville ainsi qu' à une race de cheval qu'il découvrit sur les hauteurs du Tian Shan, et, surtout une magnifique cathédrale orthodoxe en bois peint.
N'oublions pas la jolie petite mosquée à l'allure déjà très chinoise, mais à part cela, la ville est assez triste et on ne prend guère de plaisir à arpenter le quadrilatère de ses rues poussiéreuses et mal entretenues.
Le lac Song Kol
A 3000 mètres d'altitude, Song Kol se mérite. Pour l'atteindre, il faut franchir un col à 3500 mètres, par une longue piste caillouteuse et tortueuse. Mais une fois de l'autre côté, quel émerveillement !
Situé sur un très vaste plateau, entouré et dominé par une ceinture de sommets crénelés et encore partiellement enneigés, bordé de vastes prairies où paturent, heureux, des milliers de chevaux, vaches et moutons, ce lac, d'un bleu intense, est immense et inviterait presque à la baignade, si ses eaux n'étaient aussi froides. On peut en faire le tour à cheval, ou même en voiture si l'on ne craint pas de risquer la santé de son véhicule sur les cailloux et les franchissements de gués mais on peut aussi se contenter de grandes balades dans les vallées environnantes. C'est un endroit où rester.
Ici, les yourtes sont destinées aux touristes, exceptés les campements les plus reculés au fond des vallées, mais c' est loin d'être gênant et ce n'est surtout pas obligatoire. On peut, comme nous l'avons fait, s'installer tout au bord de l'eau. Il faut cependant s'écarter un peu de la zone déclarée réserve naturelle et faire attention aux forts coups de vent qui font parfois lever une houle impressionnante.
Nous sommes montés au Song Kol par le nord depuis Koshkor et en sommes redescendus par le sud en direction de Naryn. Très pentue et parfois vertigineuse, cette seconde piste, aux très nombreuses épingles à cheveux offre des vues magnifiques sur les vallées en contrebas.
K comme Koumis :
Le Koumis est une boisson. à base de lait de jument fermenté. Buvable ou imbuvable ? c'est affaire de goût, et de tempérament. Délice pour quelques connaisseurs ou adeptes des extrèmes gustatifs, acceptation curieuse et polie pour la plupart des initiés, inappétence pour beaucoup, pouvant devenir terreur pour certain(e)s !
En effet, on ne peut entrer dans une yourte sans être invité à boire un verre ou un bol de ce curieux breuvage. Comme il est difficile de refuser, gare à ne pas en recracher la première gorgée à la manière du capitaine Haddock dans "Tintin et les Picaros" !
La fabrication est assez simple. Le produit de la traite des juments est conservé un temps dans des outres en peau... de cheval, et ce n'est qu'après quelques semaines de fermentation qu' on peut le consommer. Quoique peu alcoolisé, le Koumis a un goût très fort qui ne ressemble à rien d'autre. Il faut en avoir bu au moins une fois mais il faut bien reconnaître que ce n'est pas un nectar et il faudrait vraiment être en manque pour se soûler au koumis !
Pendant la période touristique, il n'est pas rare de voir des gosses en proposer au bord des routes dans des bouteilles de bière ou d'eau minérales récupérées.
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