Après les paysages du nord, avant Bangkok et bien avant de retrouver la mer tant désirée dans le sud, nous nous accordons une semaine archéologique, consacrée aux capitales du Siam à l'époque de sa splendeur et son rayonnement, entre le XIIIème et le XVIIIème siècle.
Kamphaeng Phet :
Kamphaeng Phet n'a jamais été siège du royaume mais fut une place forte importante pour la défense de Sukhothai. Ses remparts, en partie reconstitués, entourent ce qu'on appelle "la vieille ville", à l'intérieur de laquelle se trouve une partie des monuments à visiter, les autres étant situés un peu plus loin vers le nord.
La construction des deux sites s'étend sur plus de deux cents ans, pendant les deux périodes distinctes dites "de Sukhothai" et "d'Ayutaya", les deux capitales successives. Le matériau de construction, de couleur ocre tirant sur le rouge, est toujours la latérite, roche argileuse et ferrugineuse. Malléable en sous sol, elle est facile à extraire et à façonner en briques (d'où son nom) ou en blocs. Malgré son apparence poreuse et érodée, ce matériau, une fois séché, se révèle très résistant. Comme il est abondant en Asie du sud-est, les mêmes couleurs se retrouvent à Kamphaet Phet, Sukhothai et Ayutaya.
Tous les monuments à visiter sont des temples, dont la structure, bien que ruinée, est encore nettement visible. De bonnes explications en français sont fournies sous forme de code barre à scanner avec un téléphone portable. Nous apprenons ainsi à reconnaître quelques caractéristiques de l'architecture ancienne et à distinguer les deux styles, parfois mêlés dans un même édifice, de Sukhothai et d'Ayutaya. Nous savions déjà qu'un chedi était l'équivalent d'un stupa, un mondop un édifice carré coiffé d'un toit pyramidal,, un how drai un dépôt de manuscrits, que le boht, sanctuaire principal, servait aussi de salle d'ordination, que le wi han était réservé aux moines alors que la sala, ouverte de tous côtés était une salle de réunion accessible à la fois aux religieux et aux fidèles. Rien de tout ceci n'a changé jusqu'à notre époque, mais nous apprenons que le Prang était autrefois une tour de style khmère symbolisant le Mont Meru, qu'un Prasat est un petit édifice de style chapelle, et que les chedis de style Sukhothai se terminent en bouton de lotus alors que ceux d'Ayuthaya sont en forme de cloche.
En vérité, les temples de Kamphaeng Phet, le Wat Chang Rob, Wat Phra Si Aryabot, Wat Singha et Wat Avasa Yai, souvent considérés comme secondaires, constituent une excellente introduction à la visite des deux sites majeurs à venir.
La ville moderne est située de part et d'autre de la Mae Num Ping, qu'on ne franchit que par un seul pont. Tous les centres d'intérêt se trouvent sur la rive gauche.
Sukhothai :
Capitale du royaume de Siam du XIIIème au XIVème siècle, Sukhothai comporte plusieurs ensembles classés. En tout, ce sont environ 70 temples, répartis en une vingtaine de sites, sur une superficie de plus de 30 kms carrés, qui se proposent aux plus courageux. La billetterie distingue trois zones à accès payant : les parties centrale, est et nord.
Certains ensembles ou même quelques temples étaient entourées de douves. D'importants travaux de restauration visent apparemment à les remettre en eau.
L'ensemble se parcourt donc à vélo (ou en fourgon aménagé) et demande plusieurs jours de visite.
Pour ma part, cloué sur ma couchette par un accident de hamac, j'ai passé deux de ces journées à contempler le seul Wat Phra Phai Luang, et encore sous un seul angle, dans la position du bouddha couché.
N'était la couleur de la latérite, j'aurais un peu l'impression de me trouver au Cambodge, tellement les formes de ces tourelles rappellent l'âge d'or d'Angkor Vat. Et, de fait, Sukhothai, avant d'être capitale du Siam, avait appartenu quelque temps à l'empire Khmer. J'ai donc eu la chance de devoir m'aliter devant des vestiges du XIIème siècle, les plus anciens de tout le parc archéologique.
Non loin de mon lit de douleur, se trouve l'imposant Wat Si Chum, aux allures de château fort. A l'intérieur, appuyé contre le mur est, trône un immense Bouddha-repoussant-Mara (la force du mal) La brique apparaît sous la couche de stuc qui le protégeait à l'origine. Dans l'angle sud est, un escalier monte à l'étage supérieur dont le plafond abrite, paraît-il, des jatakas qu'on ne peut malheureusement pas voir sans autorisation.
Ces deux temples sont situés dans la zone nord.
Partie centrale :
Dans la partie centrale, entourée d'eau, l'ensemble le plus important est constitué du palais royal et du Wat Mathathat. C'était le cœur de la cité, dans lequel a été trouvée la stèle de Ramkhamhaeng aujourd'hui exposée au musée national de Bangkok.
Le Mathathat est composé d'un chedi en forme de cloche, entouré de nombreuses statues de Bouddha. Plus au sud, se trouve un autre chedi dont le soubassement est décoré de figures de lions et d'éléphants.
Le Wat Sa Si comporte un petit chedi, au pied duquel se trouve une belle staue de Bouddha assis. et, un peu en avant, une très gracieuse statue d'un Bouddha marchant.
Bien d'autres temples occupent cet espace autrefois fortifié, tel le wat Traphang Ngoen et ses quatre niches contenant des Bouddhas debout ou le Wat Chana Songkhram et son chedi circulaire.
Zone est :
le Wat Cham Long possède un chedi soutenu par quatre rangées d'éléphants.
Dans la partie Ouest,plus éloignée et accessible gratuitement, les vestiges sont plus dispersés.
Le Wat Saphan Hin est situé au sommet d'une petite colline que l'on atteint par un escalier très ruiné.
Inutile de dire qu'il faut relire ses notes pour se souvenir de tout cela. Mais qu'importe après tout de connaître le nom de tel ou tel temple ? Le plus intéressant à Sukhothai, est de de circuler sur les petites routes bien aménagées qui sillonnent l'immense site archéologique. Partout, des vestiges s'offrent au regard et il est très facile de s'arrêter. Nous avons bivouaqué tranquillement entre ces wats pendant plusieurs jours. Les couchers de soleils et les réveils entre les vieilles pierres resteront inoubliables.