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Dictionnaire amoureux ou pas.
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Yourte
(Billet du 25 mai 2016) :Quand on entend le mot, on l'associe généralement à la Mongolie. Pourtant, liée au nomadisme, à la vie pastorale et à la steppe, la yourte est également l'habitat traditionnel de l'Asie centrale. Nous en avions aperçu quelques unes au Turkménistan et en Ouzbékistan, mais au Kirghizstan, où les villes sont moins nombreuses et, surtout, plus récentes, ces petits tas de toile d'un blanc-gris font partie intégrante du paysage. Touristique ou authentique, permanente ou provisoire, qu'elle soit traditionnelle ou modernisée, parfois même électrifiée, voire connectée, elle a toujours peu près la même forme, la même structure, la même couleur et à peu près la même taille.
Si les Kirghizes sont sédentarisés depuis l'époque soviétique, ils ont cependant conservé une forme de semi-nomadisme. Du mois de mai au mois de septembre, ils quittent leurs villages et conduisent leurs troupeaux en altitude. La différence avec la transhumance que l'on connaît en Europe, dans les Alpes ou dans les Pyrénées tient à l'aspect encore traditionnel, sinon tribal, de ce déplacement. Femmes, hommes, enfants en âge scolaire, nourrissons dans leurs langes, c'est toute la famille qui se déplace pour passer plusieurs mois sous la toile, en pleine nature.
Venir s'installer à proximité d'un groupe de yourtes, à condition qu'il s'agisse bien d'un campement nomade et non d'un camp touristique du CBT, n'est pas de tout repos. Un jour, sur la route de Murgab, en pleine vallée de l'Alaï, nous croisons le Mercedes sprinter de Lisa et Alex, sympathique couple allemand que nous avions déjà rencontrés en Iran !
(voir rubrique "Rencontres".)
Nous décidons de bivouaquer ensemble, à quelque centaines de mètres d'un camp de yourtes.
Nous ne sommes pas plutôt installés qu'une nuée de gosses jaillit du campement et se précipite joyeusement vers nous, en piaillant comme des Indiens lancés à l'assaut. Ils sont des dizaines ! Que faire ? Mettre les chariots en cercle comme dans .... ? Impossible ! nous ne sommes que deux fourgons !
De toutes façons, il est trop tard. En quelques minutes, nous voilà assaillis, envahis. On se bouscule pour monter dans le camion. Jamais je n'aurais pensé que Tirésias pouvait accueillir tant de monde.
L'ambiance est survoltée. Les plus grand(e)s veulent tout savoir. D'où nous venons, où nous allons, comment nous nous appelons.
Les plus petits, tout barbouillés de chocolat, arborent des peintures de guerre du meilleur effet. Leur regard désarmant nous ôte toute envie de défendre ce qui nous reste de territoire. Du coup, même l'âne arrive à passer la tête par la porte.
Mais voici que les squaws sortent à leur tour de leur tipi. Elles, veulent tout voir (le lit, le cabinet de toilette les rangements) et s'extasient sur tout. Tirésias se rengorge. Enfin, comme dans ... les meilleurs westerns, à l'issue d'un suspense insoutenable, la cavalerie arrive à brides abattues. Mais ce n'est certes pas pour nous libérer. Ces cavaliers surgis hors de la steppe sont les grands frères, les parents, les cousins.
A notre tour maintenant de goûter à l'hospitalité kirghize.
En fait de toile, la yourte est une maison démontable plutôt qu'une vraie tente. On y entre par une porte, unique, mais assez haute et pourvue de deux battants de bois qui peuvent se fermer complètement, et même à clé. La première impression une fois passé le seuil est celle d'un espace étonnamment vaste et bien organisé. A droite de l'entrée, se trouve le coin cuisine, avec le poële, les fourneaux, les ustensiles et la vaisselle. Le toit est percé d'une ouverture pour laisser sortir la fumée. On peut l'obturer en cas de mauvais temps. Face à la porte, dans la partie "salon", le visiteur est invité à s'asseoir sur des tapis et des coussins pour y boire le koumis et y déguster un plov ou un lagman. La viande n'est pas rare chez les nomades, et le bouillon comporte davantage de gras que de légumes. Outre les moutons, des chèvres et des yaks, les Kirghizes possèdent d'innombrables chevaux, qui vont à l'abattoir comme les autres et que l'on consomme sans tabou.
Face à la cuisine, à gauche en entrant , c'est la partie nurserie, avec femmes, bébés et berceaux.
Les landaus sont en bois.
A l'intérieur, le bébé est langé très serré. Seuls dépassent le visage et les mains. Il lui est impossible de gigoter. On ne le sort pratiquement jamais de son petit sarcophage de bois. Pour le bercer, on fait osciller le berceau. Pour donner le sein, la mère soulève la partie supérieure du lit jusqu à hauteur de sa poitrine. Pas question non plus de débarrasser les momies de leurs bandelettes pour les faire uriner ou déféquer. Ce serait trop long et fastidieux.
Pour que l'enfant reste propre, les Kirghizes ont mis au point un dispositif très ingénieux.
Il fait nuit. Un grand silence tombe sur Tirésias. Nous allons pouvoir nous coucher, maintenant que chacun est rentré chez soi.
Enfin presque. Tapie dans l'ombre, un petit bout de chou semble avoir été oublié. Elle ne doit pas avoir plus de deux ans, elle ne parle pas encore -et surtout pas russe ou anglais- mais elle a parfaitement analysé la situation et ses mimiques sont explicites. Non, elle ne veut pas partir ! Elle veut dormir ici. Il faudra toute la force de persuasion de Lucile pour l'extirper du siège dans lequel elle s'est acagnardée pour la ramener à ses parents, moyennement ravis, paraît-il.
Peut-être avons nous commis un impair...