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Catégorie voyage VolgoStalingrad

(Billet du 26 juillet 2014) :

Entre la gare d'Astapovo et Volgograd, il y a plus de 500 km. La M6, que l'on rejoint à Tambov, est à deux voies, mal asphaltée et rapiécée de toutes part. Pour la première fois depuis Mourmansk, nous suivons une route vraiment, continûment, mauvaise. En outre, le paysage est sans grand intérêt. Les immenses champs de maïs que nous traversions depuis Tula, et les tournesols qui poussaient dans une belle et riche terre étonnamment noire, s'espacent, puis disparaissent, cédant la place à des étendues monotones et apparemment stériles. Cette portion de la M6, c'est l'itinéraire des camions qui font l'aller-retour entre Moscou et la mer Caspienne. On y reçoit subitement une grosse bouffée de sud, aux relents de gasoil chaud et de sable poussiéreux. Il faut rouler, tout au long de ce parcours cabossé, où les lieux de pause sont plutôt déprimants, voire glauques.
Arrivés tard dans la nuit dans le centre de Volgograd, après avoir franchi des kilomètres et des kilomètres de faubourgs où il ne ferait sans doute pas bon s'arrêter trop longtemps, nous tombons par hasard sur un parking gardé (une chance, car nous n'en verrons aucun autre par la suite), auquel nous demandons asile pour cette première nuit en terre inconnue. On nous l'accorde volontiers, pour une somme modique. Tranquillité assurée et repos bien mérité, malgré quelques travaux dans la rue.
C'est avec plaisir que nous découvrons le lendemain, sous un beau ciel bleu, une ville moderne, très agréable, vivante et aérée, quadrillée par de larges avenues..

Volgograd :

Volgograd, c'est Stalingrad
Rebaptisée après 1956, la "cité de la Volga" n'en garde pas moins les stigmates de son passé récent : la bataille de l'hiver 1943. La défaite de l'armée allemande en route vers le pétrole de Bakou, et prise au piège dans une place qu'elle croyait conquise, fut déterminante pour la suite des combats sur tous les fronts, et sans doute décisive pour l'issue de la deuxième guerre mondiale. Quiconque s'intéresse un peu à l'histoire et/ou a pu lire l'hallucinant récit de Jonathan Little dans les Bienveillantes, ne visite donc pas Volgograd, mais Stalingrad, quelle que soit son aversion pour le régime et la personne du dictateur moustachu.
Il ne reste pas une pierre d'avant 43. Tout au plus quelques briques : un mur de la maison dite "de Pavlov" où la résistance des partisans fut particulièrement acharnée, et les briques d'une minoterie. On montre aussi un arbre, sous lequel les visiteurs se font photographier. Il n'a rien de bien extraordinaire, ce tilleul, et sa taille modeste ne lui confère pas l'aura d'un centenaire. Il devait être encore jeune à l'époque des bombardements, et c'est peut-être sa fragilité qui l'aura sauvé....
Tout, absolument tout, le reste a été détruit par les bombes et pendant les combats de rue.
Et tout, absolument tout, a été reconstruit après 1945, en quinze ans, non pas à l'identique, mais sur un plan du même type hippodamien. Toutes les rues, places et avenues portent des noms évocateurs : place des combattants tombés, rue des Komsomols, rue des Soviets, rues de la nième division, allée des héros etc... Notons cependant que, pour une fois, l'avenue la plus importante n'est pas le Prospekt Lénine mais la rue de la Paix (Mira), ce qui est plutôt sympathique.
De la place des héros et de la rue Mira, une longue et large perspective permet de descendre à pied jusqu'à la Volga. Les rives ne se prêtent pas à la promenade comme à Iaroslav, mais on peut faire une balade en bateau d'une heure sur le fleuve, jusqu'à Mamaiev Kourgan, une gigantesque statue de béton, encore plus haute que l'Alioucha de Mourmansk. Du haut de la colline Mamaï, la "Mére patrie" étend sur la ville son glaive protecteur.
Il faut, bien sûr, passer quelques heures au "musée de la bataille". Il est très fréquenté par les Russes qui s'attardent longuement devant les vitrines et les panneaux explicatifs. Tout n'est pas traduit en Anglais mais on suit néanmoins facilement les présentations. L’exposition propose toutes sortes d'objets pouvant illustrer et relater l’histoire de la bataille de Stalingrad : armes, cartes, photos, vidéos, affiches, documents divers, lettres, objets de la vie quotidienne... Le clou de la visite est le "panorama" qui, au dernier étage, sur un espace circulaire, donne une vue à la fois géographique et chronologique des combats et exalte l'héroïsme des partisans et l'esprit de résistance de tout un peuple.
Je n'aime pas beaucoup les musées "war games", mais le "musée de la bataille de Stalingrad" n'en est pas un. Il s'agit d'un mémorial, comme celui de Caen, ou peut-être d'un historial, comme celui de Pérone.
C'est ainsi que je me souviendrai de VolgoStalingrad, comme d'un lieu de mémoire, au même titre que les cimetières de 14-18 ou les plages du débarquement.