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Chaque épisode contient un récapitualtif des notes, photos, videos, bivouacs, fiches pratiques
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Chaque épisode contient un récapitualtif des notes, photos, videos, bivouacs, fiches pratiques
Astrakhan
(Billet du 29 juillet 2014) :Après la mauvaise expérience du tronçon Tambo-Volgograd, nous redoutions l'étape suivante. A tort, car, entre Volgograd et Astrakhan, l'état de la M6 est très satisfaisant. Une fois quittées les banlieues, reliées à la ville par d’interminables rails de tramway, on suit, comme entre Mourmansk et Kem, un long trait d'asphalte, la plupart du temps en ligne droite, avec, de temps à autre, quelques possibilités d'arrêt à une station service ou à un "kafe". Mais ici, point de toundra, ni d'ailleurs de quelque autre forme de végétation arborée. C'est déjà la steppe, et ses grandes étendues d'herbe jaunie. Nous ne sommes pourtant pas loin de la Volga, le long de laquelle s’égrainent cinq ou six villages, avec quelques parcelles irriguées, que la route laisse systématiquement sur la gauche. A part cela, tout est sec.
A l'arrivée, nous avons élu domicile près des quais, remarquablement aménagés. On peut y flâner longuement, en compagnie des Russes qui font le paseo entre amis ou en famille. On y trouve de l'animation et un peu de fraîcheur (Dieu qu'il fait chaud en été dans le sud de la Russie ! On regretterait presque le climat de Mourmansk.)
Nous sommes arrivés pendant le weekend des fêtes de la marine, qui sont célébrées un peu partout, le dernier dimanche de juillet (V.Poutine était à Mourmansk). Des navires de guerre étaient mouillés en file indienne sur le fleuve, ponts briqués, mâts et haubans pavoisés, équipages au garde à vous. Au matin, nous avons assisté à un défilé naval suivi par une foule clairsemée et distraite. Des migs sont venus parachever le spectacle au dessus de nos têtes. Deux jours plus tard, nous lirons sur Internet que l'un d'entre eux s'est écrasé non loin de là...
Tout cela est bien beau, bien propre, bien moderne, mais où est donc passé l'Astrakhan d'autrefois ? L'Astrakhan des Tatars et des Cosaques, celui de Potocki et d'Alexandre Dumas, le port mythique de la Caspienne, la Mecque du caviar et de la fourrure ? Sur les photos du XXème siècle, même sur les clichés d'après guerre, on voit encore, aux abords du kremlin, des marchés aux airs de bazars, des redoutes minuscules avec leurs empilements de peaux et de tapis, des entrepôts vastes comme des caravansérails, et des foules où se mêlent, sous le bonnet bien connu, visages slaves, mongols, caucasiens et asiatiques. Aujourd'hui, toute cette partie centrale de la ville est très largement russe ; on y chercherait vainement le souvenir de la horde d'or ou de Stepan Razine et la moindre trace d' effluve turque ou persane. Le kremlin est superbe et les travaux de restauration en cours le rendront bientôt encore plus beau mais c'est aujourd'hui une forteresse-musée qui ne diffère guère des autres kremlins de Russie.
Même dans les blocs situés entre la Volga et les boulevards, quartiers manifestement anciens, à l'habitat de bois plutôt délabré, on ne trouve plus ce côté "porte de l'orient" qui faisait, paraît-il, le charme de la ville. C'est dans les zones plus périphériques que réside aujourd'hui la population d'origine caucasienne ou asiatique, et le peu que nous en avons vu est proche du bidonville.
Sans doute n'avons-nous pas tout perçu, senti, compris, et nous sommes restés trop peu de temps pour nous faire une idée juste de l'Astrakhan d'aujourd'hui. Nous avons aimé cette ville, mais nous n'avons pas été frappés par son caractère cosmopolite.